Nous avons du mal à vivre l’instant en ressentant avec naturelle et ouverture la vie autour de nous et en nous.
Nous avons même quelques difficultés à dire ce que nous ressentons.
Quand nous ressentons un état négatif, au lieu de prendre le temps de nous interroger, de prendre du recul et de chercher à ressentir en profondeur pourquoi cette situation, cette phrase, ce lieu, cette rencontre, ont provoqué une émotion négative, nous avons le réflexe de regarder à l’extérieur de nous et de trouver chez l’autre la cause de notre mal-être. Nous renvoyons sur lui un jugement chargé de notre état négatif.
Nous ne réglons pas ce « souci » en communiquant simplement notre ressenti, nous entrons immédiatement dans un jugement qui nous débranche de cette sensation désagréable dans notre corps. Nous la renvoyons sur l’autre ou à un tiers qui sert d’exutoire à notre malaise. Le jugement porte notre regard et notre esprit vers l’extérieur et non vers l’intérieur de notre être.
Le jugement élimine toute possibilité d’échanges vrais ou d’ouverture pour comprendre, régler et nettoyer cette sensation gênante que nous avons éprouvée en nous-mêmes.
Nous ne savons pas être de simples observateurs de nous-mêmes et nous avons encore moins l’habitude de prendre le temps de comprendre nos émotions ou ce que l’autre suscite chez nous comme état. Alors nous réagissons ou attaquons les premiers par un jugement qui coupe court à toute remise en question pour ne pas être pris en défaut, détourner l’attention de nous et pour se débrancher le plus vite possible de cette émotion négative.
Quand nous accepterons la vie comme un laboratoire géant où nous expérimentons ce que nous sommes, quand nous accepterons de faire des erreurs, d’apprendre à grandir à travers nos expériences, le jugement ne fera plus partie de notre expérience d’être humain. Quand nous comprendrons que ces émotions négatives nous pouvons les accueillir et les identifier, nous pourrons transformer notre attitude infantile en comportement d’adulte. "Aujourd’hui, je suis adulte, je peux choisir de vivre désormais des émotions positives. Quand je sens un état désagréable, je prends le temps de me regarder, de repérer la situation qui a provoqué cela, de voir son antériorité. Je peux alors comprendre la souffrance que ce présent réveille en moi et me rassurer en reconnaissant que je peux choisir aujourd’hui une autre parade que la peine, le non-dits et la souffrance."
Lorsque nous accepterons de nous voir tous avec amour et compassion, nous n’aurons plus besoin d’être dans un jugement de nous-mêmes et encore moins des autres…
Le jugement est un bon procédé pour sortir de notre responsabilité personnelle, pour être occupé à observer la paille dans l’œil du voisin. C’est une bonne échappatoire qui nous aide à fuir notre regard sur nous-mêmes. Nous jugeons l’autre qui n’est que le miroir de nous-mêmes.
Communiquer sur nos états, dire ce que nous ressentons nous recentre sur ce que nous sommes et nous met dans l’énergie de ce que nous avons envie d’être. Cela coupe court à tout jugement extérieur et nous positionne à notre place d’adulte.
Si nous choisissions d’arrêter de juger pour dire simplement ce que nous ressentons ?